Polyright, le dresseur de puce du Valais

Publié le par FF


 

Un seul badge pour accéder à des structures ou installations, bénéficier de diverses prestations ou payer grâce au porte-monnaie électronique. En groupant une multitude de services dans une unique carte à puce, la petite société sédunoise venue de l'univers du ski équipe aujourd'hui la plupart des universités suisses.

 

Travailler mieux

Rien ne prédestinait Thierry Gattlen, CEO de polyright, à se consacrer au développement et la promotion de solutions multifonctions autour de cartes à puce. En 1997, l'homme fonde SportAccess. L'entreprise de Sion se distingue rapidement comme un des leaders suisses des fabricants de systèmes d’accès aux remontées mécaniques et aux installations sportives. En 2000, le groupe Kudelski devient actionnaire majoritaire de cette performante S.A. Deux ans plus tard, l'arrivée du concurrent historique de SportAccess dans le groupe Kudelski, SkiData, modifie totalement la donne. “Quand deux entreprises rivales doivent soudain cohabiter, soit il y a fusion, soit la plus petite meurt, à moins qu'elle n'évolue vers quelque chose d'inédit. Nous devions donner à notre société une nouvelle raison d'exister.“ se souvient Thierry Gattlen. En 2002, SportAccess abandonne à SkiData son marché traditionnel du ski. L'entreprise recentre son activité sur une technologie unique offrant un accès simplifié à de nombreux services disponibles avec un seul support de données, via une carte à puce. Ce procédé particulièrement innovant doit être simple d'utilisation, apporter des garanties de sécurité, de gain de temps et d'économie, et surtout s'adapter aux besoins du client. “Nous étions alors sans marché, sans produit, mais le groupe Kudelski a cru en nous, en ce projet très novateur à l'époque. Nous devions toutefois rester humbles, nous mettre à la place de nos futurs clients afin d'élaborer pour eux un système devant compléter celui ou ceux qu'ils possédaient déjà. Faire en sorte qu'ils conservent la validité de leur investissement tout en améliorant ses fonctionnalités. En somme, proposer une offre leur permettrait de mieux travailler“.

 

Un seul badge

En 2003, la première version du système est commercialisée. En 2005, SportAccess change de nom devient polyright. C'est sous cette appellation que, suite à un processus d'appel d'offre publique, la société est choisie pour réaliser un nouveau système de cartes d'étudiants, de monétique et d'accès de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Un chantier immense. polyright a équipé trois campus, dont un de plus de 300 hectares, soit 69 bâtiments et 700 portes contrôlées de manière électronique (dont certaines avec sécurité biométrique). A l'intérieur sont répartis 20 systèmes de gestion de cafétérias et restaurants avec service à table et paiement par badge, 30 automates de distribution de snacks et de boissons, 20 copieurs avec gestion de centres de charge, cinq chargeurs à billets et des bornes automatiques de validation de cartes d’étudiants. Ces installations concernent 12.000 utilisateurs qui, au moyen d’un seul badge à puce, accèdent à toutes les prestations possibles. Notons en outre que le système polyright permet d’emprunter des ouvrages dans les bibliothèques, riches de plusieurs centaines de milliers de livres et supports multimédias.

 

Offre globale

“Aucun de nos concurrents ne dispose d'une plate-forme logicielle multifonctions aussi étendue. Notre offre est globale. Néanmoins, notre système, évolutif, s'adapte parfaitement aux besoins spécifiques de nos clients et nous permet de répondre étroitement à leurs demandes“ assure Thierry Gattlen. Proposant toute une gamme de services parfaitement intégrés, cette technologie se module en effet en fonction des exigences et contraintes. L'exemple donné par la modernisation des systèmes de cartes d’étudiants de l’ETH Zurich et de l’Université de Zurich est en cela probant. Ces deux institutions oeuvrant en étroite collaboration souhaitaient disposer d'une technique de gestion de cartes coordonnée. Celle-ci devait être compatible avec le contrôle d’accès déjà installé, la base de données devant en outre tourner sur Unix et fonctionner sur Oracle. Le chalenge a été relevé en 6 mois. Depuis janvier 2008, 14 sites différents répartis à travers la ville de Zürich, que fréquentent les 50.000 étudiants de deux structures, accueillent l'ingénierie polyright. Actuellement, 80% des universités suisses en sont équipées à différents degrés. Hormis le domaine de l'éducation, polyright apporte ses compétences à ceux de la santé, de l'entreprise comme de l'événementiel, soit une soixantaine de références à ce jour. “Notre produit se prête à de multiples utilisations. Il existe en effet de nombreuses similitudes entre les cartes d'étudiants et les badges des festivaliers“ indique Thierry Gattlen. Ainsi, le Montreux Jazz Festival fait confiance à polyright depuis cinq ans. “3000 badges émis pour le staff, un système particulier d'accréditation par zone, des terminaux portables installés aux endroits stratégiques pour contrôler leur validité, des cartes préchargées afin que les VIP puissent payer dans l'un des 39 bars et restaurants du site…“

 

Développement

Lorsqu'il évoque l'avenir, Thierry Gattlen reste assez discret, le secteur étant à ce point stratégique que les informations doivent être minutieusement distillées. Logiquement, il confirme que polyright, après s'être solidement implantée en Suisse, poursuit son développement à l'étranger. Ce déploiement s'est même renforcé depuis que, devenu membre du groupe Securitas Suisse en 2007, polyright bénéficie de son réseau et de ses compétences techniques, venant s'adjoindre à ceux du groupe Kudelski. La société vient récemment de prendre pied en Allemagne ainsi qu'en Autriche. Elle poursuit ses collaborations à Dubaï et aux Emirats Arabes Unis, et entrevoit des perspectives dans le sud de l'Europe. L'effectif évoluera suivant les résultats. “polyright emploie 40 personnes, à Sion, siège de la société, comme dans nos bureaux situés à Zürich, Lausanne ou Berne. Nous avons engagé 12 nouveaux collaborateurs en 2007 et arrivons actuellement à un pallier. Nous verrons plus tard, en fonction de nos prochains contrats“. Côté produits, si Thierry Gattlen expose que les deux axes stratégiques forts sont la gestion de badge à puce et le paiement démonétisé, de nouvelles solutions les accompagnent et les diversifient. C'est le cas de ce PDA permettant de passer la commande directement depuis la table du restaurant, déchargeant le serveur de tâches doubles, ou de la future version 4.0 du système, plus souple et rapide. D'autres applications enrichiront bientôt les prestations, déjà fort étendues, de cette société. “Nous sommes totalement à l'écoute du client et travaillons à son entière satisfaction“ conclue Thierry Gattlen. polyright doit justement son existence et son dynamisme à cette quête vitale et motrice.


Qualité Valais

Du fait de son histoire, polyright est implanté à Sion. Enserré de hautes montagnes, le chef-lieu du canton du Valais était l'endroit adéquat pour créer une société liée aux sports de glisse. Il s'avère également idéal pour une entreprise développant des systèmes de sécurité et de cartes à puce multifonctions. “Nos clients sont différents, pas les attraits de cette région. Nous bénéficions ici d'une qualité de vie exceptionnelle et pouvons compter sur une main d'œuvre qualifiée" commente Thierry Gattlen, CEO de polyright. Autre avantage: la fidélité des collaborateurs. “Nous décrochons toujours de nouveaux contrats parce que nous avons réellement quelque chose de plus à offrir à nos clients. Notre activité est très particulière et peu d'entreprises implantées dans le Valais dispose de pareil marché. Notre effectif est de fait très stable.“ Stable mais en progression, à l'image de ce canton, loin d'être seulement une terre d'élection du tourisme.

Publié dans Société - Economie

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